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L’identification lecteur / personnage

Le 2024-07-28 0

Dans Lecteurs

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Source image : Haru Udu de Pixabay

Remarque

Ce qui suit ne sera que mon opinion qui, peut-être, donnera à réfléchir aux lecteurs. Cependant, il est possible que le vôtre soit différent, auquel cas je vous invite à commenter de manière respectueuse. Merci de votre compréhension.

I - Un concept...

S'identifier à, avec : se faire ou devenir identique, se confondre, en pensée ou en fait à, avec. « Le lecteur commence sa lecture en s'identifiant au héros du roman » (Sartre). – Le Robert.

D’où l’affirmation « Je n’ai pas apprécié l’œuvre parce que je n’ai pas su m’identifier au personnage. »

J’ai du mal avec celle-ci parce que si le héros ne pense pas comme le lecteur, ce dernier aura une vision biaisée du texte.

Personnellement, je n’ai jamais eu besoin de m’identifier à un personnage pour apprécier une œuvre. D’autant plus que j’ai l’impression que certains s’attardent sur l’aspect physique du héros. Dites-moi si je me trompe.

Je vais vous donner deux exemples (parmi tant d'autres) où je pourrais avoir du mal à m’identifier aux personnages.
 

II - ... pas toujours possible.

  1. J’aurais du mal à me sentir comme Aladdin, je ne suis pas un homme à la rue cherchant son pain.
  2. Je ne peux pas non plus m’identifier à Jasmine, je ne suis pas une princesse prisonnière de ses murs.
  3. Je ne suis pas le génie, je ne suis pas un serviteur aussi comique que lui.
  4. Et je ne suis pas non plus Jafar, aussi machiavélique.

Comment pourrais-je m’identifier à ces personnages étant donné que je n’ai ni le même vécu, ni les mêmes aspirations ? Dans ce cas-là, l’opération me paraît impossible.

Pourtant, cet aspect ne m’empêche pas d’apprécier l’œuvre. J’aime le courage d’Aladdin, l’humour du génie, la ténacité de Jasmine face à la pression de son père.

III - Et même un frein.

Un autre exemple où je trouve que l’identification me paraît impossible. Dans L’île mystérieuse (film de Juan-Antonio Bardem et Henri Colpi de 1973 d’après le roman écrit par Jules Verne), j’ai remarqué qu’il n’y avait absolument aucune femme. L’histoire est portée uniquement par des hommes. Je ne peux donc m’identifier à personne ni par le physique des personnages, ni par leurs savoirs dans des domaines si variés. Est-ce pour autant un défaut de l'oeuvre ?

Pour moi, ce qui me permet d’entrer en immersion dans une œuvre n’est pas l’ensemble des personnages. Une œuvre a beau avoir des personnages lisses avec des valeurs honorables, si l’univers en toile de fond est bancal ou pompeux, je referme le livre. Dans le cas de ce film, j'ai apprécié l'histoire des hommes perdus sur une île "déserte" ; le savoir du Professeur Smith qui permet à l'équipe d'avoir du feu et cuire leur viande (en plus d'autres inventions très utiles) ; la bonne humeur de Pencroff qui remonte le moral de la troupe ; la relation entretenue entre Nab et son ancien maître, Mr Smith ; l'intrigue autour de ces antennes étranges plantées au milieu de l'île.
 

Pour finir

J’ignore quelle est votre opinion à ce sujet. Toutefois, je ne suis pas tout à fait d’accord avec Sartre. Ce n’est vraiment qu’en arrivant dans la sphère littéraire que j’ai appris ce concept d’identification au personnage. Pourtant, je trouve ça dommage parce que c’est le lecteur, ou la lectrice, qui met une barrière entre l’œuvre et lui/elle en ne se concentrant que sur un aspect de celle-ci. Ce n’est en aucun cas la faute de l’auteur(e). Dommage parce qu’il ou elle peut passer à côté d’une belle histoire.

En lisant ou visionnant une œuvre, je ne m’identifie pas à un protagoniste (dans le sens « je suis/ je me sens comme tel personnage »). Au contraire, je considère qu’il s’agit d’un frein dans l’appréciation de l’œuvre car on peut ne pas trouver de personnage auquel s’identifier et aimer l’œuvre pour son histoire, pour les valeurs transmises (que ce soit par Pierre, Paul, Jacques, Germaine, qui vous voulez), pour les intrigues, la construction, l’univers.

Je pense qu’en réalité, nous ne devrions pas nous identifier aux personnages mais plutôt à l’univers qu’il représente. En ne tenant compte que des personnages, on invisibilise tout le reste. Or, une œuvre, ce n’est pas que des personnages.

Merci d’avoir lu cet article. N’hésitez pas à me dire ce que vous pensez de cette approche.

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