En effet, l’amabilité des autres ne doit pas faire l’objet d’abus de notre part en tant que client. Comme vu dans les définitions en première partie, nous ne sommes plus dans cet état d’esprit lorsqu’il y a une entorse à la règle morale, à un principe fondamental et que cela cause un dommage et/ou un préjudice (= atteinte portée aux droits, aux intérêts, au bien-être de quelqu’un, du fait d’un tiers) à notre interlocuteur.
Selon les situations, nous engageons notre responsabilité contractuelle ou délictuelle. Plus la faute est grave et moins nous pourrons faire preuve d’indulgence. De plus, les fautes graves peuvent coûter extrêmement chères.
Exemple 1 :
En cas de non-paiement d’une facture de prestation de service (illustration, bêta-lecture, correction, animation vidéo, etc.), notre responsabilité contractuelle est engagée par le biais du contrat précédemment signé. En conséquence, des pénalités de retard sont annoncées en cas de relances multiples (lettre de relance, mise en demeure). Si l’affaire s’éternise, il y aura un recours judiciaire. Sources : litige.fr – demanderjustice.com - Article 1231-1 du Code civil Légifrance
Pour éviter cette situation, on peut demander dès le départ des facilités de paiement. On peut également faire un report exceptionnel de l’échéance si le client explique ses difficultés au prestataire. Les accords amiables sont possibles, profitez de cette chance. C’est lorsque le client fait silence radio et qu’il n’explique rien qu’il se met dans son tort. Car cela sous-entend qu'il ne souhaite pas payer ses factures et qu'il fait le mort en espérant être oublié.
Enfin, si vous n’avez pas les moyens de payer un service, n’en demandez pas (tout simplement). Vous pouvez trouver des sites gratuits pour faire vos visuels : Canva.com, GIMP est un très bon programme de dessin/photomontage, Pixabay (photos et vidéos), Dafont, 1001 free fonts ou websiteplanet.com pour les polices (attention, il faut qu’elles soient 100% gratuites pour usage commercial). Faites des recherches, des ressources libres de droits sont disponibles. Toutefois, il faut prêter une grande attention aux licences (CC par exemple). Soyez aussi vigilant sur le droit à l'image.
Exemple 2 :
Si vous passez commande à un graphiste-illustrateur, un correcteur ou autre professionnel indépendant de l’édition, vous pouvez négocier le contrat, c’est-à-dire en discuter avec votre interlocuteur pour modifier les termes dudit contrat. C’est une chose qui se fait en présence des deux partis qui doivent consentir mutuellement aux modifications voulues par le demandeur.
La modification d’un contrat de prestation par le client est considérée comme un délit de faux. Sa responsabilité délictuelle est engagée. Cet acte est puni de 3 ans d’emprisonnement et de 45 000€ d’amende. Source : service-public.fr
Attention : si le faux document est un document délivré habituellement par une administration (carte d’identité, carte vitale…), les peines sont de 5 ans de prison et de 75 000€ d’amende.
L’auteur du fait risque aussi des sanctions complémentaires comme le paiement des dommages et intérêts.
Pourquoi je vous dis tout cela ? C’est quoi le rapport avec la bienveillance ? J’y viens.
Lorsque votre interlocuteur vous fait une remarque parce qu’il aura détecté un problème majeur dans votre démarche (envers lui), vous ne pouvez pas lui rétorquer :
— Ah mais, je croyais que tu faisais ça par passion. Il faut payer en fait ?
— Je te pensais bienveillant mais en fait non. Tu me déçois beaucoup.
— La bienveillance, ce n’est plus ce que c’était.
Non ! Franchement, on dirait des reproches de collégiens ! Revoyez votre définition du mot « bienveillance » (cf. partie 1). Au contraire, il a fait preuve de bienveillance et d’intelligence en vous mettant en garde lorsque vous vous apprêtez à commettre un délit. Mais si vous voulez avoir des ennuis avec la justice, à votre aise. Personnellement, je préfère éviter la case PRISON du Monopoly. Je ne pourrais rien écrire là-bas.
Ne pas payer ses factures est un délit aussi. Et l’univers créatif n’est en rien épargné par les lois qui régissent ce monde (dont nous faisons partie), même si la législation est incertaine vis-à-vis des artistes-auteur(e)s. Nous serons jugés tel des êtres humains et non comme des artistes. En tant que créatif, nous avons le devoir d’adopter un comportement qui respecte les bases de la bonne conduite et les principes fondamentaux. Les fautes citées ci-dessus ne sont pas des erreurs facilement pardonnables puisqu’elles sont punissables par la loi.