Il y a peu (au jour où j’écris cette lettre défouloir), j’avais rendez-vous à 12h dans une polyclinique pour me faire enlever un abcès au cou. C’était mon deuxième rendez-vous médical de la semaine. Le premier (le lundi pour une opération du dos, une cicatrice à refaire correctement) s’est déroulé parfaitement bien. Je me suis rendue à Valenciennes, à l’heure ou presque. Dans ces cas-là, je m’excuse car je déteste arriver en retard. Je n’avais pas prévu les papiers aux admissions car le chirurgien m’avait dit de venir au 1er étage. Heureusement qu’il y avait du personnel dans le hall pour guider les gens étrangers à cet hôpital. Je suis passée assez rapidement. J’ai attendu un peu dans une cabine le temps de me changer, tout ce qui a de plus normal. Guidée et rassurée, du début à la fin. Tout s’est passé exactement comme c’était prévu. J’ai pu repartir environ 30 minutes après mon arrivée. Franchement à Valenciennes, c’était top. Et aujourd’hui, ma mère m’a affirmé que la cicatrice était très bien faite alors je suis ravie des services de ce chirurgien. Je ne manquerai pas de le remercier lors du rendez-vous bilan.
Le jeudi, à Maubeuge (polyclinique je rappelle), je me suis rendue au rendez-vous de 12h bien avant l’heure pour ne pas faire la même bêtise que le lundi. Finalement à l’accueil cela a été vite. J’ai fait mon entrée à 11h45. Pour moi c’était parfait, j’étais ponctuelle comme j’aime l’être. L’infirmière m’avait prévenu d’office qu’il y avait un peu de retard. Bon, un peu de retard c’est pardonnable. Je sais qu’il peut y avoir des urgences qu’on ne prévoit pas forcément. Je me change pour le bloc et je patiente dans ma chambre. Je regarde par la fenêtre, je m’assois et j’alterne entre les deux. Mes cuisses me faisaient déjà mal car depuis l’opération du lundi, je me baisse de façon inhabituelle pour ne pas tirer sur mon dos. Ceux des cuisses semblent plus sollicités du coup. Je regarde l’heure : environ 13h. « Ah oui ! Bon, ce n’est pas grave, on va peut-être bientôt venir me chercher. Ça ne devrait plus tarder. » J’ai pris mon mal en patience et j’ai recommencé à tourner en rond dans cette chambre vide. Regarder par la fenêtre, ça va bien 5 minutes mais après ça gave. 13h30, on ne vient toujours pas me chercher. J’avoue que je m’impatiente. J’ouvre la porte de ma chambre et regarde dans le couloir, personne. Je la laisse entrouverte. J’essaie de respirer pour ne pas laisser monter la pression. Je sais comment je suis en ce moment : d’humeur explosive. Et je préfère ne pas arriver au moment où ça explose car ce n’est pas beau à voir et c’est très désagréable, aussi bien pour celui qui se prend les foudres que pour moi qui n’aie pas su me contrôler jusqu’au bout.
Assise sur le fauteuil, je ferme les yeux et prends de grandes inspirations. Mais la méditation a eu beaucoup de mal à se faire parce qu’un flot de pensées n’a pas cesser de me harceler. « Calme-toi, ils vont bientôt arriver. » « Je me sens tendue. » « J’ai senti les piqûres d’anesthésie lundi, c’était pas agréable, même si je l’ai supporté. Mais là c’est au cou, c’est plus sensible. » « C’est juste un mauvais moment à passer, après je ne sentirai plus rien. » « Mais en attendant je vais la sentir quand même la piqûre. Déjà quand on te perce un point noir au cou (trou obstrué car j’avais déjà eu un abcès par le passé ; par conséquent, j’ai un pore qui se bouche), tu vois des ombres noires. Qu’est-ce que ça va être là ? » Toutes des pensées qui n’ont pas cessé de fuser durant ma tentative de méditation. La pression est montée de plus belle. Des pensées qui n’auraient pas été présentes si on m’avait prise en charge comme prévu. D’ordinaire, les opérations ne me font plus vraiment peur car vu ce que j’ai eu avec mon rein, j’ai été servie. Mais ruminer ainsi dans une chambre vide, c’est le pire des poisons ! J’ai communiqué avec une amie sur Twitter mais cela n’a rien changé. Je n’étais pas en panique, j’étais furieuse et je n’arrivais pas à contrôler cette colère. 14h15 environ, je vais voir les infirmières parce que je n’en peux plus d’attendre et je leur demande où ils en sont au bloc opératoire. Sans nul doute que mon agacement devait se sentir dans ma voix même si je tentais de garder mon calme.
« Il y a encore une personne avant vous.
- Quoi ?! C’est long !
- Ah bah je vous avais dit qu’il y avait du retard.
- Oui, « un peu » pas « beaucoup ».
Là, il y en a une qui s’est limite moquée de ma remarque, chose que je n’ai pas du tout apprécié même si je n’ai rien laissé paraître à ce moment-là vu que j’étais concentrée sur l’autre infirmière. Mais je l’ai remarqué.
- Je vous avais dit que je ne savais pas la durée d’attente. »
Sincèrement je ne sais pas si elle m’avait parlé d’une quelconque durée ou pas. Peut-être, c’est possible. Je suis retournée dans ma chambre en pestant. Comme si je n’avais que ça à faire, perdre mon temps dans une chambre vide ! Mais comment ils s’organisent dans ces cliniques ?! On ne donne pas le même horaire à chaque personne ! Et je ne tire pas ça de mon chapeau car c’est déjà arrivé à mes parents il y a quelques années, quand les gens pouvaient patienter tous en salle d’attente et donc discuter entre eux. Ils convoquent tout le monde à la même heure et ensuite ça se passe comment ? Ils tirent le patient à la courte paille ?? Je tournais dans ma chambre comme un lion en cage. Je regardais par la fenêtre. « Je me sens horriblement tendue. » « Quand je verrai le médecin, il va m’entendre c’est sûr. » « Et si jamais il me dit qu’il peut pas m’opérer à cause d’une tension trop élevée ? C’est au niveau du cou en plus ! » « Si c’est ça je l’encastre dans l’mur !! » Il n’en était pas question ! Il était clair que là, j’aurais pété un plomb et je ne le voulais pas car je garde la même logique qu’en 2017. Quand j’ai eu ma ponction lombaire et les mèches à changer régulièrement, je n’ai jamais voulu crier parce que je ne voulais pas effrayer les gens autour de moi, en particulier les patients qui pourraient prendre peur à cause des cris. J’ai pleuré pendant la ponction mais je n’ai jamais crié. Là, cela aurait été des cris de colère et personne n’avait à subir ça dans cet étage. Alors j’ai pris la décision de m’habiller et de m’en aller. Je suis partie vers 14h30. Devant l’ascenseur, une infirmière vient vite et me dit qu’il faut que je le dise si je m’en allais. « Eh bien je vous le dis, je m’en vais » lui ai-je dit d’un ton sec. Je sais, ton sec mais à ce stade, j’avais énormément de mal à conserver mon calme. Quand j’ai les mains qui tremblent, on peut s’estimer heureux que je me contente d’un ton sec.
« On n’y peut rien madame, c’est pas de notre faute. »
- Je sais que vous n’y pouvez rien, ce n’est pas contre vous. C’est après le médecin, franchement il exagère.
- Eh bien je vais lui dire, a-t-elle dit en s’éloignant vers le bureau.
- Vous faites bien. Et vous pouvez lui dire qu’il peut m’appeler, je vais me faire un plaisir de le recevoir.
- Pas de souci, je lui dirai. »
Puis j’ai pris l’ascenseur. Bien que l’infirmière se soit défendue (et c’est tout à fait normal dans ce genre de situation), elle est parvenue à garder son calme. Bravo et je vous envie Madame. Je m’excuserais bien pour le mauvais moment que je vous ai fait passer mais je ne mettrais plus un pied dans votre service ambulatoire. J’ai attendu l’appel du médecin, je l’attends toujours. Cela ne m’intéressait pas de me crêper le chignon avec les infirmières car, comme elles le disent elles n’y sont pour rien, elles subissent. Je réservais le meilleur pour lui. Mais je n’ai pas encore eu l’occasion de lui dire ma façon de penser. Néanmoins j’aurais nettement préféré qu’on m’appelle le matin pour m’annoncer le retard et qu’on me demande si je veux déplacer le rendez-vous pour un jour plus propice (ou de venir à une autre heure). Je l’aurais compris et j’aurais vraiment apprécié qu’on le fasse plutôt que de me laisser m’énerver dans cette chambre vide. Des urgences ? Oui ça peut arriver, mais on prévoit une marge pour ce genre de choses. Du retard, je peux pardonner 1h, je peux étendre jusqu’à 1h30. Mais pas loin de 2h30, faut quand même pas déconner. Je pense vraiment qu’il y a un problème d’organisation et de communication dans ce genre d’entreprise ; car oui, un hôpital ou une clinique, c’est une entreprise.